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Un gaou à Tana
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23 décembre 2010

Bits & Pieces

La perception de la musique que peuvent avoir beaucoup de jeunes malgaches, j'en parlais,  de façon certes un peu dure , n'est en fait pas sans lien ("évidemment!" Diront les mauvaises langues de leur rictus narquois) avec le manque d'ouverture sur le monde propre au phénomène insulaire.

Depuis à peu près deux semaines, j'ai eu l'heur de croiser des musiciens et deux poètes (pour ne pas dire slameurs) malgaches, des jeunes, somme toute engagés, avec qui j'ai pu échangé sur ce thème et qui m'ont apporté par ces discussions des petits bouts de réponse. Pas moins que moi, ces artistes restés en herbes, plutôt contraints de l'être d'ailleurs, sont frustrés de cet immobilisme et m'ont expliqué de leurs mots variés leur vision de la chose.

Effectivement, le défaut de culture musicale internationale trouve en grande partie son origine au niveau des contenus proposés aux auditeurs. D'une part le sentimentalisme et la nostalgie latents poussent beaucoup de gens à ne pas délaisser ou changer ce qu'ils ont pu aimé par le passé et, d'autre part, pour ne pas froisser le pouvoir en place, éviter que ne germe la graine de la révolte dans l'esprit des ces ventres affamés, il paraît plus sage de promouvoir à tous crins la soupe des années 80, et si possible les faces B, les hurlements de canadiennes ou françaises aussi rayonnantes que je puis l'être sur une planche de surf, que de laisser s'exprimer les frustrations ainsi que les questions qui gênent par la voix des enfants du pays. Enfants qui sont de moins en moins dupes depuis l'arrivée d'Internet et des médias divers.

De ce point de vue, Madagascar à finalement pas mal d'avance sur le monde développé. Là où, en Europe, l'aliénation bute (pour combien de temps encore ?) sur le  rock des acquis culturels et des revendications suburbaines héritées notamment des différentes mouvances contre culturelles, l'on peut observer l'efficacité de ce type de procédé sur un peuple sans fondations pérennes à ce niveau-là. Une fête des jeunes du quartier m'a en effet laissé pantois : aucun goût pour la nouveauté qui ne soit pas le fruit d'une major lobotomisante et donc composées des ingrédients connus et sûrs.

De plus, les rares tentatives de productions mal-pensantes, toutes proportions gardées, ont été vraiment cher payées par les valeureux soldats qui s'aventurèrent sur ce champ-là. Carrières étouffées, articles diffamatoires à leur égard, destruction d'une réputation en deux ou trois tours de mains... Quand on sait qu'en plus ici, pour passer à la radio, c'est l'artiste qui paie, de même pour les autres médias, on ne peut que comprendre que les échappatoires se fassent rares et que les velléités soient vite assommées à la vue du chantier.

Mais alors... Et l'espoir dans tout ça?


Il faut que le corps exulte! Fort heureusement, parviennent à se maintenir les regroupements underground, soirées hip-hop et autres sound systems du 67 hectares, notamment.

Là, autour d'enceintes mal réglées, la jeunesse ouvre les yeux, le temps d'une soirée, et apprivoise de loin ce monde de demain qui les toise avec défiance et suscite doucement en eux des envies de conquêtes... J'espère pouvoir être témoin de l'un de ces moments forts très bientôt et vérifier si mon imagination en fait trop quand elle fait planer dans mon esprit un air de jazz, dans les années 30, à New York...


MA78
Carrefour du 67

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