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Un gaou à Tana
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21 septembre 2010

Outkast Feeling

Je traverse les rues de cette grande ville, je marche au travers de ses rues sinueuses, je croise le regard de ses enfants, petits et grands, je marche d'un pas assuré avec timidité aux vues qui s'offrent à moi. J'évolue en vahaza dans un pays étranger où je suis perçu comme celui qui n'est pas d'ici. L'envie de les rencontrer,  de leur parler , se heurte à l'angoisse de l'inconnu. L'attitude peu sympathique qu'affichent nombre de mes pairs me donne envie de me cacher le visage. Eux sont tellement dans leur milieu, confortablement installés dans leurs entre-sois rooms qu'ils ne vivent pas du tout ce sentiment si troublant de n'être pas forcément le bienvenu, tout le temps et partout.

Je ne les juge pas, je suppose que l'on trouve dans toute circonstance le moyen le plus commode de se rassurer, de fermer les yeux et de se coucher paisiblement le soir en sirotant une petite tisane. Je ne les juge pas parce que je ne suis là que depuis 1 mois et que, rien n'étant inscrit dans le marbre, je préfère ne jurer de rien. Peut-être le fil des mois et des années nous usent-ils et nous poussent ainsi à préféré les lustres de salons cosys aux brochettes du 67 hectares.

Cette impression terrible de s'imposer chez autrui au contact de leurs regards fuyants me rappelle cependant combien il est confortable de vivre cela en profitant d'un statut social et d'une aisance économique qui nous permet d'aller de l'avant, de garder la tête haute en espérant toujours, au fond, que ne vienne la rencontre pour peu qu'on la souhaite. Cette relativité qui vient édulcorer mon vécu me rappelle aussi à ceux et à celles qui vivent le déracinement, l'exil, l'émigration, dans l'espoir d'un avenir meilleur, et qui atterrissent à Marseilles, Paris ou Lille.. Ces immigrés qui tentent l'installation, subissent les méchancetés, les aigreurs et qui, de surcroît ne peuvent que baisser la tête de par la petitesse de leur statut, de leurs moyens qui les fagotent de guenilles et de logements souvent insalubres et cachés... Je me rappelle à elles, je me rappelle à eux et je leur rends un sincère hommage. N'oublions pas que l'exil dans ce cas ne relève d'une envie absolue de manger le pain des autochtones, mais juste d'une démarche de survie, venant de pays où la vie n'a rien de mieux à leur offrir. Combien d'entre nous seraient prêts à sauter sur une embarcation de fortune au large d'une côte Atlantique, en vue d'une traversée de plusieurs jours, voire semaines, au péril quasi assuré de leur vie, sans même être sûrs d'atteindre une rive autre s'il ne s'agissait d'une question de vie ou de mort?

One Love,
That's all there is
To be

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Commentaires
Y
Grande question mon Faouzi, je crois que la dose d'humilité nécessaire est énorme, du moins de mon point de vue. En tout cas je suis très touché de te lire ici. Peace my man
F
superbe témoignage, dans les yeux de mon frère, il m'est arrivé de croiser le regard d'un étranger, comment considérer celui d'un incoonu jamis vu ?
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