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Un gaou à Tana
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7 septembre 2010

Red Hills Town

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La nuit tombée, nous nous couchons dans cette maison confortable, vide et froide. Le sommeil n'était pas sans me rappeler les nuits que j'ai pu passer dans le Cantal. Silence à l'extérieur, à l'exception de quelques hiboux, nuit fraîche et apaisante...
C'est au petit jour que nous nous retrouvons sur la terrasse pour notre premier petit déjeuner malgache. Il faut alors presque faire un effort pour se souvenir de l'endroit où nous sommes. Les murs sont haut et le jardin beau, bien entretenu et le silence règne. L'architecture de la maison me rappelle aux maisons landaises et il me faut lever les yeux, par-delà nos remparts, pour apercevoir au loin l'une des 12 collines rouges de Tana.
A peine le temps de s'acclimater qu'il faut au plus vite effectuer les formalités d'usage pour se mettre en règle avec mon pays d'accueil. J'enrôle le chauffeur dans une tournée interminable dans ce que le colonialisme français aurait pu se priver de  laisser en héritage : l'artdministration.

Le moindre papier me fait passer par au moins 3 bureaux et la cerise sur le gâteau fut le retrait de mes deux cantines au frêt. J'ai compté, pour t'économiser les détails d'une lutte féroce contre les assaillants à ma patience légendaire, pas moins de 12 bureaux, 5 formulaires, 21 signatures et 10 coups de tampons... Heureusement, les guichetiers sont d'une grande gentillesse et cela aide, ma foi, à vivre la situation avec sérénité.

Si l'enjeu de l'acculturation est de taille, mon vécu ivoirien me donne une certaine aisance  au cours de ces déplacements et formalités mais en vient parfois, et paradoxalement, à me perturber : je ne suis pas en Côte d'Ivoire!
Cette confusion qui m'a habitée plusieurs jours tend à se dissiper. Et il vaut mieux parce que dans mon cas, c'est une acculturation à facettes multiples que je dois affronter: d'une nature plutôt cool et bohème, je dois me faire à ce nouveau milieu d'expats aux valeurs et habitus aussi proche des miens qu'un lémurien peut l'être du Parc Bordelais. Je dois me fondre dans un milieu de nantis dans un pays qui ressemble fort à ma terre natale, où j'avais plutôt tendance à m'acoquiner avec les va-nus-pieds. Je dois apprendre et m'approprier un système sociétal aux us et coutumes très codifiés au risque de faire de cette expérience un rendez-vous manqué. Le fait de ne pas dire non directement mais de trouver un moyen détourné de faire passer son insatisfaction ou son désaccord en est un exemple.

Bref tout ceci représente un chamboulement de taille dans ma tête et dans mon coeur, par ailleurs déjà bien torturés, et je remercie la vie de m'avoir donné un atout nécessaire en ces circonstances fragiles : un certain sens de l'humilité.

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