Une petite mort
A 17h30 la nuit tombe. Une demi-heure après il fait nuit. La fraîcheur nous agglutine autour d'un feu réconfort et laisse aller notre corps selon son instinct. Comme s'il prenait le dessus et nous imposait de nous mettre au rythme du pays. A 20h, tu es au lit, à 6h tu devrais déjà être levé.
Ces instants de désœuvrement, où l'on ne parle même pas de tout ni de rien, si ce n'est le bilan de nos journées, où les enfants se réfugient dans leur monde électronique, sont l'occasion qu'attendent le manque et le vide liés à certaines séparations pour m'envahir. Tout ce qui s'offre à moi ici reste fade loin de certains. Le jardin, le bon air, la grande terrasse, la bonne viande et les fruits sucrés... Je ne peux les apprécier sans penser combien ce serait mieux avec elles et eux.
Alors je m'empresse d'installer Internet
Je digresse légèrement pour témoigner de l'efficacité des FAI malgaches. Un rendez-vous à la maison à 14h, un second à 16h30 dans les locaux de mon sauveur, à 17h30 je suis chez moi, je branche et ça marche! Freenaute de la première heure et convaincu, j'avoue que là je suis bluffé. Bref!
Grâce au net je me connecte sur FB et retrouve une partie de ces absents... Si nous nous amusons à trinquer en ligne, à rire de tant et autres bêtises, j'observe une vie qui n'est plus la nôtre se dérouler sous mes yeux. Un quotidien qui reprend le dessus, et c'est tant mieux. Je pense alors que partir et s'éloigner ainsi est une façon unique de mourir.
On regarde des personnes qui se sont approchées autour de nous tisser des liens qui ont l'air solides, on voit la vie d'une école renaître de ses vacances, on touche presque les joues de nos proches et on rit de bon cœur de leurs aventures. On empathise aussi de leurs soucis... De loin...
L'on ressent alors comme une petite mort et je dois avouer que si cela peut attrister un peu au départ, tout cela participe au fond à mon bonheur d'être ici.
Petite dédicace pour toi, toi, toi et toi aussi bien-sûr.